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Les Etats-Unis : de l'Hyperpuissance au Monde Bipolaire

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  GEOGRAPHIE  
LA COMPOSITION - un exemple corrigé

Sujet

L'Amérique entre tensions et intégrations 

Introduction 
Entrée en matière et reformulation du sujet 
L'Amérique, cet immense continent qui s'étire du Nord au Sud du globe, de l'Océan glacial Arctique à l'Antarctique, se caractérise par une très grande diversité géographique, socioculturelle et économique. On y retrouve trois ensembles géographiques: l'Amérique du Nord, regroupant le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, l'Amérique centrale puis, l'Amérique du sud de Panama à la Terre de feu. Ce « nouveau monde » reste fortement marqué par la colonisation européenne, qui a divisé ce continent en deux grands blocs : l'Amérique anglo-saxonne (le Canada et les Etats- Unis) et l'Amérique dite « latine » au sud du Rio Grande. Dans quelle mesure  ce continent est-il partagé aujourd’hui encore entre fragmentation et volonté d'unité ?

Problématique
(Qui, des Etats-Unis ou bien du Brésil, a le plus d’atouts pour profiter de l’achèvement probable du processus d’unification continentale amorcé dans le cadre de la mondialisation ?)
Annonce du plan

S'ils connaissent de fortes tensions à toutes les échelles, les Etats américains tentent depuis des décennies de se regrouper, mais ils constituent traditionnellement la « chasse gardée » des Etats-Unis, première puissance mondiale.
Aujourd'hui, plus encore que dans le passé, les ambitions hégémoniques des Etats-Unis se heurtent pourtant à de nombreuses résistances de la part de leurs voisins, sans que l’intégration économique du continent soit pourtant perdue de vue par les différents acteurs politiques.

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Développement

1 / DOMINATION 

Un rappel historique (sans doute à écourter)

Ce continent a d’abord été marqué par la colonisation européenne. Dès le XVIe siècle, les Espagnols sont présents du Mexique à la Patagonie, les Portugais au Brésil et les Anglo-Saxons au Canada et aux Etats-Unis.
Cette conquête met fin aux empires précolombiens et reste une tragédie pour les populations amérindiennes qui furent décimées (« les veines ouvertes de l'Amérique Latine » de l'uruguayen Eduardo GALEANO). La traite de millions d'esclaves noirs marque ensuite les territoires brésilien, caribéen et étasunien. Les flux massifs de migrants européens contribuent au peuplement. Aucun autre continent n'a connu une colonisation de peuplement d'une telle ampleur et cela a contribué à l'insertion de l'Amérique dans un processus de mondialisation dès l’ère pré-industrielle. La conquête a abouti à la fois à des ressentiments profonds entre communautés et à une césure entre deux Amériques : l'anglo-saxonne protestante au nord et l'Amérique Latine catholique au sud. Mais le métissage reste une composante forte de ce continent et le multiculturalisme reste prégnant.
Les indépendances aboutissent à l'éviction des états européens mais si le « nouveau monde » façonne son identité contre le « vieux continent » il s’inspire de ses modèles politiques (la Révolution française, notamment) et subit l’influence des Etats-Unis, qui ont proclamé leur indépendance dès 1776 et se retrouvent en position de force face à leurs voisins divisés. Si les pays sud américains se libèrent de l’emprise espagnole au début du XIXème siècle, ils se divisent, contrairement au rêve de Bolivar qui souhaitait l'unité.

La mise en place de la doctrine Monroe, dès 1823, inaugure la politique de « l'Amérique aux américains ». Cela se concrétise, par exemple, par l'expulsion des Espagnols de Porto Rico en 1898. L'Amérique centrale et les Caraïbes deviennent l'arrière cour des EU avec des interventions militaires directes comme à Haïti de 1915 à 1934, en Colombie en 1903 créant de toutes pièces la république de Panama. Les rapports de domination nourrissent en Amérique Latine un sentiment « anti-yankee ». Longtemps sous la coupe des nord-américains, avec un gradient de dépendance décroissant en fonction de l'éloignement (Mexique « si loin de Dieu, si près des EU » selon la formule de Portfirio Diaz) l'Amérique latine prend aujourd'hui ses distances. Si le Mexique, l'Amérique centrale et les Caraïbes restent fortement liés à leur puissant voisin, le Brésil ou les pays du Cône Sud ont acquis plus d'autonomie.
Les tensions sont évidemment fortes durant la guerre froide : dès 1947, Les Etats-Unis créaient une alliance militaire de tous les états du continent ; en 1948, création de l'OEA (Organisation des Etats Américains) dont Cuba est exclue au début des années soixante. Les Etats-Unis soutiennent les dictatures, notamment au Brésil, au Chili, ou Argentine et interviennent à chaque fois que leurs intérêts sont menacés comme au Nicaragua contre les Sandinistes ou à Grenade en 1983. Bien qu'en recul aujourd'hui cette tutelle militaro-économique conserve les formes d'un interventionnisme diffus, relayé par une influence multiforme : investissements financiers, lutte contre les narcotrafiquants en Colombie et au Mexique. Pour Washington, « l’hémisphère occidental » doit être contrôlé, cela relève de sa « sécurité nationale ».

Si les Etats-Unis ont plus de difficultés à affirmer leur domination exclusive , leur poids reste essentiel avec 77% du PNB continental. Leur omniprésence est d’ordre économique : rôle des FTN comme Chiquita qui emploie plus de 14 000 personnes en Amérique centrale ou Monsanto qui impose les OGM en Argentine ou au Paraguay. Cela alimente une dénonciation de l'impérialisme américain dans tout le continent. Les gouvernements de pays émergents comme le Brésil, mais aussi Cuba et le Venezuela du défunt président Hugo Chavez, ou la Bolivie d'Evo Morales, sont ouvertement hostiles au modèle économique du puissant voisin du Nord.

Téléchargez ici un croquis schématique pouvant être inséré (au moins en partie) dans le développement

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2 / CLIVAGES

Au plan politique, des conflits régionaux ont  laissé des traces, entre les états latino-américains, comme (entre autres) la guerre du Pacifique de 1879 à 1883, perdue par le Pérou et la Bolivie contre le Chili et nourrissant des contestations frontalières encore vives aujourd'hui.
Les fractures spatiales restent fortes, en Amérique centrale et du Sud,  entre les espaces intégrés à la mondialisation (littoral, métropoles, CBD...) et les périphéries délaissées (intérieur des continents, espace rural, périphéries urbaines informelles comme les favelas au Brésil...).
La recherche par les gouvernements d'une intégration d’espaces peu peuplés mais vastes et périphériques, soit pour affirmer la souveraineté nationale ou encore pour s’approprier des ressources stratégiques comme dans le cas des fronts pionniers (Amazonie, Chaco, grand Nord..) est source de divergences ou d'affrontements entre les Etats et les « ethnies  autochtones » revendiquant la reconnaissance de leurs droits ancestraux et la gestion durable des ressources (comme en Patagonie, en Amazonie).
 Les revendications des peuples indigènes spoliés demeurent un problème au Nord comme au Sud du continent (celles des Inuits au Canada ou des Mapuches au Chili et en Argentine restent latentes) et les Etat s du Sud n’y répondent pas forcément partout avec la même sollicitude que le Canada – encore que la solution trouvée fasse l’objet de critiques.
L'enclavement et le retard économique de certaines régions comme les hauts plateaux d'Amérique centrale, la forêt dense d'Amazonie, ont  favorisé le développement des guérillas souvent issues de rebellions paysannes comme les FARC en Colombie. Celles-ci sont, aujourd'hui, souvent liées aux activités illicites, notamment les trafics de drogue, et leur existence justifie paradoxalement des interventions militaires étatsuniennes (au Mexique ou en Colombie notamment).
Il existe de nombreux conflits internes qui se manifestent par une violence généralisée, liée aux inégalités sociales et à l’agressivité des criminels, sensible tant dans les campagnes (Chiapas) que dans les villes, comme au Brésil ou en Colombie (cartels).

 Ce continent s'inscrit par ailleurs dans la fracture Nord/Sud : les IDH sont très diversifiés entre un pôle de la triade (0,9 pour les EU), et des Pays les Moins Avancés (0,4 pour Haïti). Les indicateurs démographiques et socio-économiques soulignent cette hétérogénéité entre territoires et sociétés. Le sud demeure la région la plus inégalitaire. Au début du XXIe siècle, les progrès démocratiques et économiques font cependant apparaître deux Amériques latines : une Amérique émergente avec une forte croissance économique (Brésil, Mexique, mais aussi Argentine, Chili dont les progrès sont d’ailleurs plus anciens) et une autre Amérique, davantage marquée par les inégalités (du Venezuela à la République Dominicaine).

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3 / UNIFICATION ECONOMIQUE INACHEVEE, FAIBLE COHESION POLITIQUE

Au Nord, on observe une forte intégration régionale dominée par les Etats-Unis :  c'est l'ALENA (ou NAFTA)
Ce système regroupe depuis 1994 le Canada, Les Etats-Unis et le Mexique, c'est-à-dire 460 millions de personnes sur 21,5 millions de Km². L'association représente sans doute la première aire de puissance de la planète (comparable à l’UE). Son RNB de 17000 milliards de $ en 2010 représente un quart des richesses produites dans le monde. Elle organise la libre circulation des capitaux, des marchandises mais pas des personnes. Les entreprise anglo-saxonnes investissent massivement au Mexique (maquilladoras) sans enrayer pour autant l'immigration mexicaine (mais aussi centre et sud-américaine) jugée parfois indésirable aujourd’hui, qui reste forte (wet backs). C’est Ottawa qui, au départ, a exigé l’association des trois états d’Amérique du Nord pour ne pas rester seul face à face avec les Etats-Unis !
Le cœur du processus d'intégration est  les Etats-Unis qui attirent 75% des exportations canadiennes et 78% des exportations mexicaines. De puissantes régions transfrontalières émergent comme la Mexamérique ou la Main Street le long du fleuve St Laurent.  
L'ALENA est un agreement, c'est-à-dire un accord intergouvernemental, procédure choisie par la Maison Blanche pour éviter toute obstruction du Congrès à la signature d'un traité en bonne et due forme.

Au Centre et au Sud, les systèmes d'intégration régionale sont nombreux, tous  en opposition plus ou moins franche aux Etats-Unis
Les organisations internationales visent à la constitution d'ensembles régionaux à multiples participants, mais aussi, à la réalisation de grands projets structurants. Cependant, ces associations locales sont trop nombreuses pour être efficaces (disparités entre états membres, superposition des unions...). La fragmentation politique en Amérique centrale y perpétue l'emprise étatsunienne. Malgré la création du Marché Commun Centre Américain (MCCA) et la Communauté des Caraïbes(CARICOM), ces pays restent fragiles et montrent une dépendance forte dans le secteur agricole ou touristique notamment.
Le Brésil, au premier rang parmi les puissances émergentes, est devenu l'acteur décisif des processus d'intégration, beaucoup plus accomplie au Sud qu'au Centre. Le MERCOSUR, créé en 1991, s'est élargi par la suite. Les cinq pays fondateurs représentent 273 millions d'habitants sur plus de 12,7 millions de Km2. Le MERCOSUR est une réussite mais cette  zone de libre échange, qui est aussi une Union douanière,  semble profiter surtout au Brésil.
La volonté d'intégration à l'échelle de l'Amérique latine tout entière a débouché sur un rapprochement entre le Mercosur et la CAN (Communauté Andine des Nations) et a abouti à la création dès 2004 de la Communauté Sud Américaine des Nations qui est devenue en 2008 l'UNASUR (Union des Nations Sud Américaines) fondée à Brasilia. Cette alliance favorise la construction d'infrastructures pour connecter les territoires comme l'aménagement du bassin du Paraná ou la construction d'un gazoduc entre le Venezuela et l'Argentine. Elle aurait à terme vocation à chapeauter le MERCOSUR puis à s'y substituer, en ayant pour modèle l'Union Européenne.
Le Venezuela, pour contrer la ZLEA, a impulsé en 2005 l'ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) renommée L'Alliance Bolivarienne des peuples d'Amérique. Plus d’une dizaine d’états d’Amérique du Centre et du Sud en font partie, dont Cuba.. Citons pour finir la CELAC (Communauté des Etats Latino Américains et des Caraïbes), créée en 2011, qui reste un simple forum culturel et politique pour un développement du bloc latino- américain.

 A l'échelle continentale, une intégration en panne ?
Aujourd'hui, l'Organisation des Etats Américains (OEA) végète, et surtout la Zone de Libre Echange Américaine(ZLEA), lancée par les Etats-Unis en 1994, reste lettre morte, notamment du fait de l'hostilité de nombreux états latino-américains comme le Brésil ou l'Equateur, qui ont négocié et obtenu un accord « à la carte » préservant leur liberté d’ouvrir ou non leurs frontières aux importations. 
L'ambition de Washington de construire une union continentale forte a donc échoué, cet effort étant compris comme une velléité impérialiste. 
L’intégration productive est pourtant une réalité. En effet, sous la pression des institutions internationales (FMI ou OMC), les états abaissent ou suppriment progressivement leurs tarifs protecteurs et les relations commerciales avec les Etats-Unis se renforcent (par exemple : au Venezuela, les EU restent le 1er client et fournisseur). Les réseaux sont cependant mal connectés, et même s'il existe des ponts transcontinentaux Est/Ouest, un  seul axe routier relie les territoires du nord au sud : la route panaméricaine. Les flux migratoires témoignent toutefois de l'importance des contacts entre pays du continent. Ils restent les plus importants du monde (au sein de l'Amérique latine ou entre l'Amérique latine et l'ensemble EU/Canada). Cela aboutit notamment à un brassage culturel et à des sociétés pluriethniques. L’Espagnol est la seconde langue parlée aux Etats-Unis - peut-être bientôt la première ? et il est enseigné au Brésil tandis que le Portugais l’est dans les pays hispanisants.

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Conclusion
Le bilan de l'intégration continentale des Amériques apparaît mitigé car ses  réussites n'ont pas permis d'apaiser toutes les tensions politiques et restent aujourd'hui, essentiellement, des succès économiques. Contrairement à l'intégration européenne, le processus d’unification interaméricain semble encore balbutiant,  et les conflits et contrastes économiques demeurent extrêmement forts dans cette aire, que de trop nombreuses mais trop faibles institutions régionales concurrentes prétendent vouloir regrouper.
Le leadership des Etats-Unis est d’autant plus contesté que c’est ce pays qui semble parfois s’opposer à l’intégration sans exclusive de ses voisins (le problème de l’embargo frappant Cuba est loin d’être réglé malgré quelques initiatives récentes prises en ce sens par le Président Obama). L’influence croissante du Brésil, puissance ascendante et membre éminent du groupe des BRICS, n’est pas par ailleurs sans froisser la susceptibilité des pays de langue espagnole  (notamment l’Argentine) malgré des traits culturels communs. Pour l'instant, unapprofondissement de l'intégrattion continentale dépendrait d'un effort de coopération entre les Etats-Unis et le Brésil, or les deux puissances sont rivales, le Brésil aspirant sans doute à prendre un jour le leadership continental : on en est encore loin !

La situation de l'Amérique n'est-elle pas au fond comparable à celle d'autres aires continentales, qui, telle l'Asie de l'Est, connaissent bien souvent  une intégration économique croissante, mais sont empêchées de renforcer leur cohésion politique par des disputes récurrentes entre puissances régionales ?

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